Mise à jour vendredi 17 avril 2020 à 13 h
La justice a tranché. Selon la décision prise mardi 14 avril par le tribunal judiciaire de Nanterre (92), Amazon doit « restreindre l’activité de ses entrepôts aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d’expédition des commandes de produits alimentaires, de produits d’hygiène et de produits médicaux, sous astreinte d’un million d’euros par jour de retard et par infraction constatée dans les 24 heures ». Ce qui implique que le géant du commerce en ligne ne peut plus vendre d’autres types de marchandises, notamment des ordinateurs, des téléphones, des tablettes, des consoles de jeu, des imprimantes, des écrans et, de manière plus générale, toute sorte de matériel électronique.
Une plainte d’une organisation syndicale
Cette décision fait suite à la saisie, mercredi 8 avril, du tribunal de Nanterre – dont dépend le siège d’Amazon France, situé à Clichy-la-Garenne, par le Sud Solidaires. L’organisation syndicale reprochait à Amazon de maintenir son activité à plein régime pendant l’épidémie de Covid-19 en continuant à vendre et à livrer des produits non essentiels malgré ses déclarations, en mettant en danger ses employés. Dans son communiqué, Sud Solidaires soulignait la situation des intérimaires et des livreurs tout en rapportant plusieurs cas d’infection.
Les autres sites de vente en ligne non concernés
Amazon, qui devrait faire appel de cette décision, avait pourtant assuré prendre toutes les mesures nécessaire pour garantir la santé de ses employés, en effectuant notamment des prises de température tous les matins. Ces garanties n’ont visiblement satisfait ni l’organisation syndicale, ni le tribunal de Nanterre qui a estimé que la société a « de façon évidente méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés » durant cette période d’épidémie ».
En attendant que la situation évolue, cette interdiction entrée en vigueur mercredi 15 avril va porter un grand coup aux affaires à la filiale française du géant américain. On ignore encore dans quelle mesure cette décision de justice affectera également d’autres acteurs du commerce en ligne, comme le groupe Fnac-Darty, Cdiscount, Rue du commerce et autre Boulanger, qui continuent de vendre des produits high-tech, comme nous l’expliquions dans un précédent article.
Amazon a trouvé la parade
Dans la soirée du le 15 avril, Amazon a publié plusieurs messages sur son compte Twitter. « Nous restons perplexes quant à la décision rendue par le Tribunal, malgré les preuves concrètes apportées sur les mesures de sécurité que nous avons mises en œuvre, et faisons appel de cette décision », a déclaré l’entreprise, avant d’annoncer la fermeture de ses entrepôts français pour cinq jours. « Cette semaine, nous demanderons aux employés de nos centres de distribution de rester chez eux. À plus long terme, nous évaluons l’impact de cette décision pour eux et notre réseau logistique français », précise Amazon, en indiquant que les produits de ses vendeurs tiers – ceux du market place – continueront d’être distribués. Les clients pourront donc passer commande à ces vendeurs indépendants qui se chargeront eux-mêmes de l’expédition, sans que les produits transitent par les entrepôts d’Amazon.
Mais Amazon a trouvé un autre moyen de contourner l’interdiction.« Nos entrepôts mondiaux vont servir nos clients français », a ainsi déclaré Frédéric Duval, directeur général d’Amazon France, dans un article publié le jeudi 16 avril dans Le Parisien. « Si vous trouvez un produit sur le site, c’est qu’il peut être commandé et qu’il sera livré ». De fait, l’activité d’Amazon France va se poursuivre en s’appuyant à la fois sur les marchands tiers, qui expédient directement leurs produits, et sur le réseau international des centres de distribution, principalement les entrepôts italiens, espagnols et allemands. Reste à connaître la position des organisations syndicales et du tribunal judiciaire.